Des quais de gare de Saint-Lazare aux origines de 1975,Stéphane Mondino a souvent exploré l’homme, ses failles et les envies d’échapper aux sécheresses du quotidien.
Depuis cinq albums, il se promène en équilibre sur un fil invisible, intangible, posé entre la réalité des rêves et les rêves de la réalité.
Aurait-il basculé ?
Le livre « Un privé à Babylone » de Richard Brautigan a donné à Stéphane Mondino le fil conducteur de son nouvel opus : Les rêves de Babylone. Il y partage avec C. Card, le héros rêveur
du roman, une bénédiction fatale qui dit que c’est en plein du milieu du monde gris, dans le soudain d’un instant qui n’est évidemment pas fait pour ça, qu’on rêve encore le mieux.
L’ambition d’un disque aussi onirique que cruellement réel est pleinement assumée par l’auteur : Les rêves de Babylone portent une poésie qui veut que la beauté se cache aussi dans les coins
sales de l’âme et d’ailleurs.
On retrouvera certainement derrière le chant d’un oiseau enfin libre, derrière l’odeur d’une
cigarette mal éteinte ou derrière une saison d’eaux salées, la contradiction d’un monde où
la course aux profits n’autorise plus à ralentir, mais qui porte pourtant en lui tout le dégoût
nécessaire à lâcher prise.
Peut-être que Stéphane Mondino a vraiment arraché des bouts de songes qui sortaient du
sable. Peut-être qu’il a ramassé pour de vrai des fantasmes qui dormaient dans l’ombre pour
en faire Les rêves de Babylone.
Peut-être aussi que le vent chaud venu du désert parviendra à coller à vos oreilles la trace
brûlante d’un coeur énorme qui bat vite et lourd.
Et parce qu’au final, même les plus terriens d’entre nous peuvent aussi passer un tiers de leur
vie à rêver, on pourrait dès maintenant et le temps d’une heure au moins, le faire avec Les
rêves de Babylone. |
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